Dans la malle au Trésor de l'ASEA : questions et proverbes

Nous nous retrouvons dans les locaux des ASEA, la petite salle est pleine comme un œuf.

La séance commence par le partage du thé et du café, accompagné de deux gâteaux, l’un arabe apporté par une participante de la séance précédente, l’autre roumain (Anca l’a préparé en amont). Une bonne mise en condition pour accompagner les sourires du groupe ravi de nous retrouver, apparemment. (...)

 

Cela débute par Zahra qui a apparemment été très émue d’avoir été soufflée. Puis la parole commence à tourner, Souad nous dit qu’elle ne comprend pas pourquoi nous sommes dans un lieu qui manque à son goût de finissions. Nous lui expliquons que nous n’avons pas beaucoup d’argent et que le principal est d’avoir un toit, des bus, et que c’est plus qu’une habitation, un lieu de travail, partagé avec d’autres artistes, sculpteur, décorateur, et que l’ensemble est sans cesse en mouvement comme une sorte d’usine à confection. Que l’important dans tout ça est le choix que nous avons fait de nous donner les moyens de poursuivre notre aventure artistique. Le confort n’est pas le moteur de cette aventure.

 

Emmanuelle, prof de français, qui a vécu quelques temps en Algérie, explique à Souad et au groupe l’importance qu’il y a à faire des choses pour soi, de se donner du temps pour accomplir des choses dans la vie qui nourrissent l’âme et le cœur, que ce sont des choix personnels qui nous font grandir au-delà des contingences du quotidien. (...)

 

 

Youssef se souvient d’un très bref extrait du texte qui lui a été soufflé : « respirer comme les animaux » ; ça l’a marqué. Enfin, Kouider demande si nous quitterions les Souffleurs, si nous trouvions un autre métier… Bref, nous nous prêtons au jeu de toutes ces questions en apportant à chaque fois une réponse et en développant. Le groupe s’anime, c’est joyeux.

 

Puis nous leur proposons, pour les mener vers la traduction, de travailler sur les proverbes. Je commence : « Après la pluie le beau temps ». Explication du sens du proverbe. Marie-Luc poursuit avec le proverbe : « L’argent ne fait pas le bonheur ». Djaffar et Fatma nous disent qu’il existe un proverbe en kabyle qui dit : « L’argent n’est pas important, c’est la santé qui est importante ».

 

Puis c’est au tour de Kouider qui propose un proverbe arabe : « Tous les petits de la chienne sont des chiens ». Sous entendu, une personne méchante reste une personne méchante. Nous tentons de trouver un équivalent en français : « Les chiens ne font pas des chats » ? Non, ce n’est pas exactement cela, il y a une notion de fatalité dans le proverbe de Kouider.

 

Nous tentons de trouver des équivalents dans d’autres langues. Pas facile. Djaffar propose un proverbe Kabyle : « On ne peut pas acheter des parents ». Nous proposons : « Qui ne tente rien, n’a rien ». Djaffar et Fatma enchaînent avec : « Si ce que tu cherches n’est pas ici, va le chercher ailleurs ». Puis Souman donne un proverbe du Bangladesh : « Un mauvais ouvrier se querelle avec ses outils ». Nous avons également en France un proverbe qui parle d’ouvriers et d’outils : « Les bons outils font le bon ouvrier ».

 

La séance se termine, certains ont plus parlé que d’autres, mais ce n’est pas grave car l’on sent chez les plus timides que le regard suit, s’accroche pour saisir toutes les nuances qui se sont exprimées. Bref, un exercice pas facile sans doute, mais qui portera bientôt ses fruits. La prochaine fois, le 26 avril, nous irons visiter ensemble les archives de la ville afin de voir où se trouve gardé et choyé le Trésor poétique municipal mondial d’Aubervilliers.

 

Compte-rendu rédigé par Christophe, artiste Souffleur