levées de rideau

Hommages aux petits commerçants. Ceux sans qui le quartier boiterait.

Levée de rideau - juillet 2012 © Les Souffleurs commandos poétiques

Tout commence par une recherche minutieuse visant à identifier un commerçant, un artisan, qui fait centre dans la vie du quartier. Un héros du quotidien.

 

Une fois ce repérage effectué, il s'agit de prendre contact secrètement avec ses clients et de commencer à préparer avec eux un hommage poétique de dix secondes, au petit matin, lors de l'ouverture du magasin.

 

Stupéfaction, évanouissement, ciel de traîne : la vie reprend son cours et dans la boutique, regards complices, silences pudiques, interrogations, prises de paroles... puis le cadeau imaginé par les clients.

 

Créations d'histoires extraordinaires dans la ville.



« Dimanche 1er juillet 2012. 8h00.

Alors qu'en centre-ville grondent les préparatifs de la fête de la Ville et des Associations, dans le quartier Cochennec-Péri, les clients habituels de la librairie-papeterie de M. Harkati – les habitués – se réunissent. Ils sont une dizaine ce matin-là à attendre « chez Pascal », le voisin de la librairie-papeterie, qui a ouvert son petit jardin pour l'occasion. Trac. Impatience. Attente. Puis une Souffleuse, postée dans le bar d'en face, repère l'arrivée de M. Harkati. Annonce relayée dans le jardin, sortie des habitués dans la rue, qui se regroupent devant le rideau de fer baissé de la librairie. On entend qu'à l'intérieur, une clef se glisse dans la serrure du rideau de fer : ouverture. Face à M. Harkati médusé, applaudissements silencieux. Puis disparition. Sur une marche, un recueil de poèmes arabes est laissé à la vue de M. Harkati. Il est dédicacé par tous les habitués.

 

Nous déjeunons ensuite dans la boutique de quartier, ouverte spécialement pour l'occasion. Étonnement de M. Harkati, qui passe quelques appels ou laisse des messages : « Tu étais là ce matin? », « C'était bien toi? » Puis plus rien que le silence déposé par cette tendre surprise.

 

Enfin, quelques jours plus tard, arrive « le cadeau ». Dans la librairie-papeterie, les habitués se réunissent. Ils sont plus nombreux que la première fois. La fille de M. Harkati et des amis se joignent à nous pour un glissement de bulles et de mots. M. Harkati est soufflé à l'éventail, en arabe. Des mots d'ailleurs, des mots du pays. Pour célébrer l'instant, on sert un apéritif au goût très local. »